Mon panier 0
Mes favoris 0

Art de la guerre



push_3015_art de la guerre.jpg
Par Anthony Diaz
          La pensée chinoise « de souche », prise en bloc, est couramment réduite à ces deux grands courants d'idées que sont le confucianisme et le taoïsme. La Chine ancienne, celle des Printemps et Automnes (770 et 480 av. J.-C.) et des Royaumes Combattants (480-221 av. J.-C), connut pourtant diverses écoles de pensées qui, à défaut de s'être développées aussi bien que le confucianisme et le taoïsme, ont en tout cas marqué l'Esprit chinois dans son entier. Ainsi, parmi les « cent écoles » de la Chine ancienne figuraient, à côté des confucéens (les ru) et des penseurs du dao, des légistes, des moïstes (disciples de Mozi), des rhéteurs, des « théoriciens du yin-yang et des cinq éléments », mais encore des stratèges et des penseurs militaires. De tous les courants, quoique toujours dans l'ombre du confucianisme, légisme et pensée militaire furent les deux seuls à avoir subsister tout au long de l'ère impériale et à avoir été soutenus par le pouvoir. De fait, certaines de leurs idées palliaient les faiblesses et les carences, notamment aux plans politique et pratique, d'un confucianisme de plus en plus focalisé, à partir des Tang et des Song, sur la spéculation métaphysique et la seule pensée morale. C'est ainsi que légisme et pensée militaire furent toujours exploités dans les faits par les dirigeants au pouvoir dans leur exercice du gouvernement, aux côtés du confucianisme, seule orthodoxie d'Etat officielle.

          La pensée militaire constitue une part importante de la pensée chinoise et possède ses propres Classiques. En fait, c'est à l'empereur Shenzong des Song (XIe siècle) que nous devons la canonisation de sept traités anciens datant des Royaumes Combattants. L'Art de la guerre de Sunzi (Sun Wu) est sans conteste le plus célèbre et le plus traduit d'entre eux. 

          Darwiniennes avant l'heure, les pensées militaires chinoises s'entendent pour faire de la réussite de toute campagne l'apanage non pas de l'armée la plus forte mais de l'armée la mieux adaptée. L'adaptation est ici un maître mot, et les textes soulignent en effet combien il importe de savoir analyser les données de base propres à chaque bataille. Cette analyse prend la forme d'un diagnostic et doit permettre de dégager une ligne d'action fiable à partir de sa connaissance du terrain, de l'ennemi, des moyens etc. Il s'agit enfin de s'adapter aux « principes ». Ces textes sont effectivement sous-tendus par l'idée proprement chinoise selon laquelle les choses comme les « affaires », dont la guerre, obéissent à des lois, à des principes naturels, lesquels doivent être connus de nous. C'est en effet par la connaissance qu'un homme aura des principes directeurs des choses, des affaires ou des phénomènes, que celui-ci pourra espérer détenir un certain pouvoir, ou contrôle, sur eux. Au plan militaire, c'est ainsi en amont que se joue toute bataille ; la victoire ne dépendant pas de la force et de la brutalité d'une armée sur le terrain (le texte du Laozi a déjà montré combien le souple est plus fort que le dur) mais du plan que le stratège élabore à la racine, avant de déployer son armée. Réussite et échec dépendent donc bien d'une bonne préparation, laquelle résulte de la bonne analyse des conditions de départ et des principes. Là, on est capable de savoir où se placer pour être en « position de force » (shi 勢), comment trouver le « moment opportun » (shi 時) pour réussir son entreprise. Ces notions importantes, sous-jacentes aux traités militaires, sont entre autres abordées par François Jullien dans son essai intitulé La propension des choses. Parce qu'elles sont applicables à tous les domaines de l'activité humaine, les idées développées dans les textes militaires et stratégiques sont aujourd'hui volontiers appliquées dans des domaines aussi divers et variés que la famille et l'entreprise. 

          L'Art de la guerre de Sunzi est probablement le livre le plus connu, en Orient comme en Occident, de la pensée militaire chinoise. Cet ouvrage date vraisemblablement du Ve siècle avant notre ère et est attribué à un certain Sun Wu (ou Sunzi, soit Maître Sun), dont on ne sait pour ainsi dire rien du tout. Si bien que la tradition a longtemps assimilé Sun Wu au dénommé Sun Bin, personnage du IVe siècle avant notre ère souvent mentionné par les sources et justement auteur d'un Art de la guerre perdu dès les Han. En 1972 toutefois a été excavé d'une tombe Han une version de l'Art de la guerre de Sun Bin, conjointement à une version de l'Art de la guerre de Sunzi (Sun Wu), prouvant l'existence de deux Art de la guerre bien distincts d'auteurs a priori différents. En fait, c'est par l'importante différence des idées couchées dans les deux textes que l'on pense qu'ils sont bien les écrits de deux personnages distincts (Sunzi et Sun Bin) ayant vécus entre les Ve et IVe siècle avant notre ère.

          On trouvera ci-dessous quelques-unes des multiples traductions du texte de l'Art de la guerre de Sunzi (« Sunzi Bingfa »). Composé de treize chapitres, il est le plus ancien traité militaire connu à ce jour. La traduction de Jean Lévi de ce texte est maintenant disponible en beau-livre, un grand format accompagné de nombreuses peintures et autres illustrations choisies par Alain Thote. On trouvera également ci-dessous deux traductions de l'Art de la guerre de Sun Bin (« Sun Bin Bingfa ») ainsi que les traductions d'autres des Sept Classiques de l'Art de la Guerre tels que déterminés par l'empereur Shenzong. Sous les traductions, nous présentons également quelques éditions modernes des textes originaux chinois (généralement annotés et parfois traduits en chinois moderne).

A lire


Sunzi (Sun Wu) – en français et en anglais
- SUN TZU, Jean LEVI (trad.), L'art de la guerre, Paris, éd. Hachette, coll. Pluriel, 2000.
- SUN TZU, Jean LEVI (trad.) et Alain THOTE (ill.), L'art de la guerre, Paris, éd. Nouveau monde, 2010.
- SUN TZU, Francis WANG (trad.), L'art de la guerre, Paris, éd. Flammarion, coll. Champs, 2008.
- SUN TSE, Jacques AMIOT (trad.), L'art de la guerre, Paris, éd. Armand Colin, coll. Pocket, 1993.
- SUNZI, Michel JAN (trad.), L'art de la guerre, Paris, éd. Payot et rivages, coll. Petite bibliothèque, 2004 (Suivi de 
SUN Bin, L'art de la guerre).
- SUN Wu, TANG Jialong (trad.), L'art de la guerre (bilingue français-chinois), Beijing, éd. Waiwen, 2010.
- SUN TZU, L'art de la guerre, Paris, éd. Mille et une nuits, 2000.
- SUNZI, CAO Cao (com.), LI Quan (com.), Valérie NIQUET (trad.), Deux commentaires de Sunzi, Paris, éd. Economica, coll. Bibliothèque stratégique, 1994.
- SUN TZU, Samuel B. GRIFFITH (trad.), L'art de la guerre, la nouvelle édition illustrée (traduit de l'anglais), Cologne, Evergreen. 2006.

Sunzi (Sun Wu) – en chinois
- SUNZI 孙子, Shiyi jia zhu Sunzi jiaoli 十一家注孙子校理,  Beijing, éd. Zhonghua shuju, 1999.
- SUNZI 孙子, Sunzi jin zhu jin shi 孫子今註今譯, Taipei, éd. Taiwan shangwu, 2003.
- COFFRET LUXE, texte du Sunzi avec ses onze commentaires sous forme de quatre anciens fascicules, avec le texte calligraphié : Songben shiyi jia zhu Sunzi 宋本十一家注孫子, Shanghai, Shanghai guji, 1978.
- Tujie Sunzi bingfa 圖解孫子兵法, Beijing, éd. Nanhai, 2008.
- LI Ling 李零, « Sunzi » shisan pian zonghe yanjiu 孙子十三篇综合研究, Beijing, éd. Zhonghua shuju, 2006.

Sun Bin
- SUN Bin, Michel JAN (trad.), L'art de la guerre, Paris, éd. Payot et rivages, coll. Petite bibliothèque, 2004 (Précédé de SUNZI, L'art de la guerre).
- SUN Bin, Valérie NIQUET (trad.), le traité militaire, Paris, éd. Economica, coll. Bibliothèque stratégique, 1996.

Philosophie :
- JULLIEN François, La propension des choses : pour une histoire de l'efficacité en Chine, Paris, éd. Seuil, coll. Points essais, 1992.


          Outre l'Art de la guerre de Sunzi et celui de Sun Bin, les autres principaux traités militaires faisant partie des Sept Classiques sont le Wuzi, la Méthode du clan Sima, le Weiliao zi, ainsi qu'un dialogue entre l'empereur Taizong des Tang et Li Weigong. Enfin, un dernier texte important mais difficile à dater, apprécié pour sa brièveté, est le livre intitulé Trente-six stratagèmes. Comme indiqué par le titre, cet opuscule présente trente-six stratagèmes, lesquels sont énoncés en formules de quatre caractères et commentées. 

A lire


Autres Classiques militaires :
- PAN Jiabin (trad.), Wuzi, suivi de The Method of the Sima, suivi de Weiliaozi (textes bilingues anglais-chinois), Beijing, éd. Junshi kexue, 2004.
- Wujing qishu 武经七书 (2 vol.), Beijing, éd. Zhonghua shuju, 2007. 
- Weiliaozi 尉缭子译注, Shijiazhang, éd. Hebei renmin, 1992.
- Tang Taizong Li Weigong wendui yizhu 唐太宗李卫公问对译注, Shijiazhang, éd. Hebei renmin, 1992.

Les 36 stratagèmes :
- LEVI Jean (trad.), Les 36 stratagèmes, Paris, éd. Payot et rivages, coll. Petite bibliothèque, 2007.
- HIROSHIMA Moriya et William SCOTT WILSON (trad.), Les 36 stratégies secrètes des guerriers chinois, Paris, éd. Budo, 2010.
- Sanshiliu ji 三十六计, Shanghai, éd. Wenhui, 2007



Bibliographie

L'art de la guerre
9.35 €
Indisponible
L'art de la guerre
7.20 €
Indisponible
L'art de la guerre
7.40 €
Disponible sous 4 à 7j
Les 36 stratagèmes : manuel secret de l'art de la guerre
9.50 €
Disponible
L'art de la guerre
3.00 €
Indisponible
Les 36 stratégies secrètes des guerriers chinois : le guide des classiques chinois de la réussite à la guerre, en affaires et dans la vie
14.00 €
Indisponible
L'art de la guerre
49.70 €
Indisponible
L'art de la guerre : la nouvelle édition illustrée
19.99 €
Indisponible
L'art de la guerre
25.00 €
Indisponible