Dès l'Antiquité, nombres de mythes fondateurs, de récits cosmogoniques, de tradition orale et littéraire ont été transmis au cours des siècles dans toute l’Asie.

Nous vous proposons cette semaine une sélection d’ouvrages qui portent sur ces croyances ayant parfois traversé les siècles et qui pour certaines sont encore bien présentes dans les pratiques et les fêtes populaires. Nous vous offrons la possibilité d’entrer dans ces récits passionnants qui vous plongeront dans quantité de représentations, de figures mythiques, d’histoires où cohabitent Dieux et divinités en tous genres.

Du côté de la Chine, Jacques Pimpaneau, grand spécialiste de la littérature et de la civilisation chinoise, livre dans son ouvrage Chine mythes et dieux un beau panorama des croyances populaires chinoises en faisant le choix de se concentrer sur les dieux (shen) qui font encore aujourd'hui l'objet de croyances et de cultes. Dans cet ouvrage, il ne s'agit pas pour l'auteur de rejoindre ses pairs sur leurs brillantes analyses des mythes comme celle de Marcel Granet dans Danses et légendes dans la Chine ancienne par exemple, ou celle encore de Rémi Mathieu lors de sa traduction du célèbre Classique des montagnes et des mers  livrant une idée générale des mythes anciens dans son introduction. Jacques Pimpaneau choisit ici de se concentrer sur les mythes encore vivaces dans l'imaginaire collectif, ancrés dans les récits mythologiques les plus anciens, mais transmis dans la littérature populaire, les romans, les pièces de théâtre et ballades.

L'un des grands intérêts de cet ouvrage réside en effet dans l'analyse de leur évolution tant les transformations dans la culture populaire furent nombreuses. L'auteur rappelle également que l'intérêt porté à telle ou telle divinité ne cessa d'évoluer au fil des siècles, au grès des changements au sein de la société. L'on comprend alors que la vénération d'un Dieu pouvait advenir suite à un ou des « évènement(s) », et qu'elle pouvait également être corrélée à un engouement impulsé par la littérature, qu'elle soit orale, roman, ou théâtre.

La mythologie chinoise de Yan Hansheng et Suzanne Bernard est un très bel outil pour se plonger dans légendes et les mythes chinois dont les premiers récits remontent à la haute Antiquité. Classées par thèmes les descriptions de personnages fantastiques, divinités, héros et souverains fondateurs de dynastie, sont agrémentées de commentaires. Les nombreuses illustrations qu'accompagnent les textes donnent une très belle idée des multiples représentations de ces figures mythiques : à la fois peintures, sculptures, bronzes, jades, ornementations à travers les dynasties. Un très bel ouvrage pour ceux qui souhaitent se plonger dans les passionnants récits de la mythologie chinoise.

D’une tout autre façon, Les Dieux qui unissent les chinois, le panthéon populaire de Jonathan Chamberlain est un ouvrage qui s’adresse au plus grand nombre. L’auteur propose avec ce livre un incroyable périple mythologique à travers les divinités les plus connues du vaste panthéon chinois, qui serait à prendre comme un guide. Il est également agrémenté de très belles reproductions de peintures sur verre, représentations populaires des divinités chinoises.  

Les 100 légendes de la mythologie est une très chouette collection publiée par Que sais-je ?. Elle rassemble les mythologies grecque et romaine, nordique, japonaise et indienne. Nous nous intéresserons aux volumes consacrés au Japon et à l'Inde. Les 100 légendes de la mythologie indienne ont été compilées par Alexandre Astier qui nous propose un ouvrage accessible à tous et un véritable périple au cœur de l'Inde ancienne.
Les 100 légendes de la mythologie japonaise est quant à lui écrit par Alain Rocher, spécialiste des religions et traditions populaires du Japon. Les deux ouvrages sont composés de la même manière : une petite introduction nous précise ce que les auteurs entendent par mythologie indienne et mythologie japonaise, avec quelques petites notes sur la prononciation. Par exemple, dans le volume sur l'Inde ce sera la prononciation des mots en sanskrit. Puis les 100 légendes nous sont contées, avec l'avantage d'être très courtes et nous permettent de voyager au cœur d'un monde ancien où récit fantastique et traditions populaires se mêlent. A la fin, se trouve une petite bibliographie de quatre, cinq pages qui nous permet d'aller plus loin dans notre approche de ces mythologies.
Ces livres sont de véritables petits guides pour apprivoiser ces mythologies qui semblent lointaines mais toujours autant au cœur des cultures indiennes et japonaises aujourd'hui.

Parler de mythologie coréenne ne sera jamais une simple affaire. En effet, les mythes « originaux » précédant l’arrivée du bouddhisme puis du confucianisme ne possèdent pas (ou presque pas) de trace écrite. Ils étaient essentiellement transmis à l’oral et trouvaient leur origine dans le chamanisme.
On parle aussi de « mythologie littéraire » pour parler d’une mythologie intrinsèquement liée à l’Histoire du pays. Le Samguk Sagi et le Samguk Yusa sont deux exemples de ce genre. Ces textes racontent l’histoire de la Corée des trois royaumes (Goguryeo, Paekche et Silla) tout en l’entremêlant à des contes et des légendes tels que la fondation des états ou bien les grands personnages de l’Histoire descendants des dieux. Malheureusement, ces deux textes ne font pas encore l’objet de traduction française.

Le mythe fondateur de la « première Corée » le plus connu est sans aucun doute l’histoire de Tangun (Dangun selon les transcriptions). Hwaneung, fils du dieu du Ciel, Hwanin, aurait proposé une épreuve à l’ours et au tigre qui lui demandaient de les changer en homme. L’ours seul aurait réussi et par la même occasion aurait obtenu la main de Hwaneung. Tangun, fruit de leur union, aurait ensuite fondé le Royaume de Corée. Ce mythe est à retrouver dans le recueil Tigre et kaki et autres contes de Corée mais aussi dans le numéro sur la Corée du magazine pour les enfants Baïka. Il est également disponible dans une version bilingue intitulée Le tigre et l'ours qui voulaient devenir des hommes.
Pour en savoir plus sur la mythologie coréenne, n’hésitez pas à lire l’article de Julien Paolucci sur ce sujet, sur le site de Keulmadang.

Quelques ouvrages reprenant dieux, légendes et mythes asiatiques en littérature.

Princesse Bari, de Hwang Sok-young, reprend la légende de la princesse abandonnée, dont l’histoire était racontée dans les chants chamaniques. Pour en apprendre davantage sur ce mythe, cliquez ici.

Dans sa novella Toutes les saveurs, Ken Liu se sert de l’histoire du légendaire dieux de la guerre chinois Guan Yu en la liant au personnage de Logan, un immigré chinois aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle.

Romain D’Huisser prend possession des mythes et légendes chinois pour sa trilogie des Chroniques de l’étrange, entre roman noir et roman d’aventure à Hong-Kong, tout cela saupoudré de la présence de personnages mythologiques.

Le voyage sur les mers du prince Takaoka de Tatsuhiko Shibusawa, véritable ovni littéraire, raconte l'étrange voyage du prince Takaoka, écarté de la succession. Décidé à se rendre vers une Inde rêvée, détentrice de son destin, le chemin de cet étrange prince-moine rencontre bon nombre de créatures mythiques et d'incidents insolites.