Colporteurs, cris en tout genre, odeurs de street food... la rue peut être un lieu où la vie clame sa présence. Suivant où l'on se situe sur le globe, on peut se sentir fortement dépaysé rien qu'en se baladant et ce même à l'heure où la mondialisation réduit ces différences en installant McDonald's, Starbucks et Bubble Tea dans chaque ville.

Cette sélection d'ouvrages met à l'honneur la rue et ses multiples facettes. Laissez-vous emporter de Pékin à Tokyo, d'Hanoï à Taipei. Tout en prenant conscience combien l'Asie bouge et qu'avec le temps, l'ambiance des rues change.

Livres de tous genres

Les marchands ambulants et leurs cris de la rue à Hanoï est un album quasi sensoriel. Son contenu date des années 1920, réalisé par les élèves de l’École de Beaux-Arts de l’Indochine. Pour imager les cris des vendeurs ambulants, les notes de musique sont là pour nous emporter, en plus des nombreuses aquarelles.

Dans le même esprit, Colporteurs des rues de Pékin de Samuel V. Constant dresse le portrait des marchands ambulants de Pékin au lendemain de la fin de l'empire. Le marchand de jouets, le souffleur de figurines en sucre, les réparateurs de porcelaines... Chacun de ces profils, catégorisés par saisons, se distingue par un cri d'appel reconnaissable à lui seul.

Croquis des mœurs pékinoises, en plus d'être agréable à tenir, est un "livre spirituel et satirique [...] un des livres les plus pittoresques publiés sur la Chine et les Chinois". Cette réédition reprend le texte originalement publié à Pékin en 1926. Agrémenté de très belles petites illustrations, ce texte permet de sentir la vie des hutongs d'un point de vue Occidental au début du XXe siècle, nous rendant compte de l'ambiance de ces rues qui ont aujourd'hui quasi disparu. Le style de l'écrivain garde toute sa fraîcheur, malgré l'espace-temps qui nous sépare.

Dans les rues de Taïwan  (《街屋台灣》) de Cheng Kai-Hsiang présente de manière très originale et esthétique Pingtung, Kaohsiung, Tainan, Chiayi, Taipei, Hualien et autres villes taïwanaises. D'une aquarelle et d'un petit texte descriptif, l'auteur nous dépeint une maison ou une échoppe, rendant compte de petits détails qui à priori ne sautent pas à l’œil. Point non négligeable : l'adresse nous est donnée ! De quoi utiliser ce livre comme une chasse au trésor si vous avez l'occasion de vous rendre dans ces villes.

Dans les Boutiques de Tokyo, nous découvrons une ville étonnante à travers des édifices ancestraux dont l'architecture mêle savamment modernité et tradition. Mateusz Urbanowicz nous montre que l'on peut regarder un bâtiment durant des heures et découvrir à chaque instant un nouvel élément qui en fait un lieu singulier. Aucun détail n'est superflu. Ces boutiques sont uniques et dévoilent chacune leur histoire, leur âme. Ses dessins sont très beaux et restituent avec beaucoup de sensibilité son expérience de Tokyo.

La cuisine coréenne nous régale avec ses nombreux snacks, gâteaux et délices en tout genre à attraper dans les rues. K-Food, au rythme de la street food coréenne vous proposera pléthore de recettes pour vous (re)plonger l’espace d’un instant dans les ambiances bruyantes accompagnant les effluves délicieuses de piments, d’ail et de pommes frites.

BDs

Le 9^ème art, celui de la bande dessinée, semble tout désigné pour rendre visuel les atmosphères des rues bondées, des allées toutes apprêtées ou encore des ruelles sinueuses presque inquiétantes.

Le vagabond de Tokyo de Takashi Fukutani et Histoires sur le bord du trottoir de Lee Hee-Jae racontent la vie des petites gens dans des villes en expansion de manière épisodique. Yoshio, le vagabond de Takashi, vit sans attache, au gré de ses rencontres et de ses béguins. Malgré la lourdeur évidente dont il fait preuve envers la gent féminine, il reste attachant, portrait très vivant d’une jeunesse errante et incertaine. 

Dans Histoires sur le bord du trottoir, Lee Hee-Jae est moins tendre avec ses personnages, souvent en train de médire en partageant des verres de soju. Néanmoins, il montre l’activité foisonnante et la circulation ininterrompue des rues, traversées par toute sorte de gens.

Romans rendant compte des ambiances de rues

Le roman Le pousse-pousse (《骆驼祥子》) de Lao She nous conte les injustices incroyables qui s'abattent sur un jeune tireur de pousse-pousse à Pékin. Celui-ci ne rêverait pourtant que d'une chose, être maître de son propre pousse. Cette nouvelle est l'un des textes les plus populaires de la littérature moderne chinoise.

Le roman Les délices de Tokyo semble n'être que douceur, mais comme souvent dans la littérature japonaise, derrière cette douceur se cache beaucoup de noirceur et de critiques de la société. On y suit le quotidien d'un homme dont le métier de pâtissier dans une petite échoppe de dorayaki ne le passionne guère. En engageant la vieille Tokue à ses côtés, le long processus de la confection du an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, prend soudain une tout autre teinte. Bientôt, le succès frappe à la porte de cette enseigne à même la rue. Un lourd secret viendra cependant rapidement pâlir leur enthousiasme.

Dans le roman policier à succès Le nouveau de Keigo Higashino, une femme d'une cinquantaine d'années a été retrouvée étranglée chez elle. C'était une habituée des petits commerçants du quartier, Kyoichiro se retrouve donc à faire une enquête de voisinage. Chaque chapitre du livre est dédié à un commerce, à une enseigne qui a pu connaître, croiser la victime. Ce tome est très émouvant car l'auteur nous présente le monde de ce petit quartier de Tokyo. On découvre des personnages touchants qui se cachent derrière un horloger un peu bourru, un jeune homme voulant devenir comédien, une belle-mère et sa belle-fille qui ne s'adressent plus la parole sauf pour se crier dessus et bien d'autres encore. Le but de l'enquêteur n'est pas juste de trouver le coupable, mais bien d'apporter des réponses aux membres de la famille de la victime.

- Camille, Clémence et Laura