Exercices de traduction - Ces oeuvres traduites plusieurs fois
Il est toujours surprenant de voir arriver en librairie une nouvelle traduction d'une œuvre déjà traduite auparavant. Surprenant, certes, mais fort agréable quand nous aimons passionnément certains textes littéraires et prenons plaisir à les lire dans d'autres traductions. Ou quand notre petit plaisir de lecteur réside à ouvrir deux traductions d'une même œuvre, et à comparer les premières lignes des textes. Par ce simple geste, le rôle du traducteur en tant qu'auteur même prend tout son sens.
Voici un petit exemple avec La déchéance d'un homme de Dazai Osamu :
« Préface
J'ai vu trois photographies de cet homme.
La première est une photo de jeunesse ; c'est celle d'un enfant d'environ dix ans, autant qu'on puisse en juger. L'enfant est debout, entouré par de nombreuses filles (j'imagine que c'était des sœurs aînées ou cadettes, des cousines plus âgées ou plus jeunes que lui), au bord d'une pièce d'eau dans un jardin. Il est vêtu d'un hakama à larges rayures ; la tête est tournée de trois quarts vers la gauche ; il sourit d'un sourire laid.»
traduction de Georges Renondeau
« Prologue
De cet homme, j'ai vu trois photos.
La première a été prise dans son enfance, dirons-nous ; il doit avoir une dizaine d'années et il est entouré de filles : on imagine que ce sont ses soeurs, aînées ou cadettes, ou encore ses cousines. Il pose dans un jardin, au bord d'un étang, vêtu d'un hakama aux rayures assez larges, la tête inclinée sur la gauche à trente degrés, avec un sourire laid.»
traduction de Didier Chiche.
« Entrée en matière
J'ai vu trois photographies de lui.
La première avait été prise pendant son enfance, je suppose, il était âgé d'environ une dizaine d'années, on le voyait entouré d'un nombre considérable de femmes (vraisemblablement des sœurs et des cousine, certaines plus âgées que lui, d'autres plus jeunes), il se tenait au bord d'un plan d'eau dans un jardin, vêtu d'un hakama à larges rayures, tourné de trente degrés environ sur la gauche, un sourire hideux aux lèvres.»
traduction de Patrick Honnoré