Rencontre avec Brigitte Guilbaud autour de sa traduction de "Ma mère emportée par le fleuve" de Ye Fu

Nous avons le plaisir de vous proposer une rencontre avec Brigitte Guilbaud autour du livre "Ma mère emportée par le fleuve" de Ye Fu, publié aux éditions Picquier.
L'ouvrage :
Durant les nuits d’hiver du début des années 1990, je me tenais adossé à un coin de mur, face aux barreaux d’une fenêtre, à tenter de me remémorer le commencement de ma vie.
Et nous, il nous faut écouter la voix de Ye Fu car il écrit avec son sang pour conjurer l’injustice et l’oubli. Ce sont des récits de vies qu’il arrache à la nuit, des existences humbles, rebelles, insoumises, souvent brisées, qui ont marqué son âme. Celles de ses compagnons de détention lorsqu’il était emprisonné pour ses idées dissidentes, de Li le tranche-tête ou Xu Daqiao le musicien virtuose, de ses amis excentriques et marginaux, de Bouboule le chien vagabond. Son ton se fait poignant quand il découvre les secrets douloureux que son père a emportés dans la tombe, sa famille déchirée et presque anéantie par les bouleversements de la Chine du vingtième siècle, comme des millions d’autres, auxquels il rend hommage, qu’il réhabilite et rend à leur dignité et leur humanité. Sa langue est celle d’un poète, mais son analyse des impostures de l’histoire officielle est d’une acuité et d’une intégrité inflexibles.
Une nation sans mémoire est vouée à l’infamie, dit Ye Fu. Lorsqu’un grand nombre d’innocents meurent dans l’anonymat le plus total, la beauté et la bonté n’ont plus aucun sens. Avec pour seules armes ses mots, il écrit afin que le mal ne se reproduise pas, et c’est pour cette raison aussi que nous le lisons.
L'auteur :
Ye Fu est né en 1962 dans les montagnes du sud-ouest du Hubei. Il a d’abord travaillé comme enseignant et ouvrier avant de fonder sa propre maison d’édition et de devenir écrivain. Il est lauréat de plusieurs prix littéraires pour Ma mère emportée par le fleuve, dont le prix de la Non-Fiction du Salon international du livre de Taipei et le prix de la Liberté d’écriture par le PEN chinois indépendant. Grâce à ses publications à Taïwan et Hong Kong, ou encore sur Internet, Ye Fu parvient à faire entendre sa voix dissidente.
La traductrice :
Brigitte Guilbaud vit à Paris où elle a enseigné le chinois durant de longues années avant de devenir inspectrice pédagogique. Elle consacre une grande partie de son temps libre à la lecture, l’écriture et la traduction littéraire.