La place de la littérature

Fictions nationales et cultures politiques dans les Corées libérées (1945-1950)

1945 : de la fin d'un Empire émergent de multiples espaces, de multiples Corées. Des zones d'occupation alliées au Nord et au Sud du 38^e parallèle. Une communauté essaimée sur l'archipel Japonais. Des minorités au Kazakhstan, en Manchourie, en Chine... Et partout la volonté de « construire » une culture nationale. Pour exorciser les années d'assimilation coloniale. Pour préparer une indépendance politique. Pour protéger, découvrir ou inventer une identité coréenne. Pour écrire une Corée qui reste à venir. Projet commun, configurations multiples. À l'évidence de l'unité nationale vont vite s'ajouter les réalités de la division, les nécessités de la politique et les rivalités des idéaux esthétiques.

Ce livre interroge la manière dont écrivains et poètes coréens prirent la parole et parvinrent à produire et imposer de nouvelles représentations de l'État et de nouveaux récits de la nation au lendemain de la seconde Guerre mondiale. Il offre aux historiens et sociologues de la littérature une analyse des relations entre politique et esthétique par-delà la traditionnelle opposition entre autonomie et hétéronomie ainsi qu'une réflexion sur les conditions de légitimité de l'énonciation littéraire. Il invite enfin ceux qui s'intéressent, non seulement à la Corée mais aussi plus généralement aux études régionales et configurations diasporiques, à repenser le rôle des frontières - politiques, sociales, culturelles - dans la production du savoir.