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Bilan des lectures de Laura #2



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Nouveau petit bilan pour mes lectures de février !

Direction le Japon avec L'Affaire Midori. Qualifié de roman par les éditions Picquier, ce livre tient bien plus de l'enquête journalistique. En effet, L'affaire Midori est le récit d'une journaliste, Karyn Nishimura, qui enquête sur une affaire d'infanticide, ayant eu un grand retentissement au Japon. En 2017, Midori, une jeune femme traumatisée par les terribles événements de 2011 et usée par la vie, tue ses enfants. Karyn Nishimura assiste au déferlement médiatique qui entoure cette affaire et s'interroge sur le rapport de la société japonaise aux médias et à la transmission de l'information. La journaliste cherche aussi à comprendre comment Midori a pu en arriver à commettre ce geste atroce. Tandis qu'elle enquête sur le passé de cette jeune femme, elle aborde l'impact qu'a eu le tsunami et la catastrophe nucléaire de 2011 sur les habitants de Fukushima et des environs, et montre le peu de considération que l'état a eu envers eux et comment ils ont été traités en pestiférés par la population japonaise. C'est un récit très intéressant qui montre les défaillances du système judiciaire et social japonais.

« Résultat de notre lâche neutralité, le ministère des Affaires étrangères a beau jeu d'écrire et dire que "seulement 2,7% de la surface de la préfecture de Fukushima est inhabitable" et qu'ailleurs "on peut mener une vie normale". Une vie normale ? J'ai posé la question à un préposé du ministère, en conférence de presse. Une vie normale quand on doit dire aux enfants, "ne jouez pas à plus de vingt mètres de la maison", "nous n'irons plus au bois, ils sont tout irradiés", "surtout ne cueillez pas de champignons" ? Une vie normale quand on ne peut plus aller pêcher dans la rivière ? Quand on évite de passer plus de huit heures par jour à l'extérieur pour ne pas dépasser une exposition annuelle de plus de vingt millisieverts par an ? C'est normal d'avoir un dosimètre à la ceinture ? C'est normal cette vie adaptée à la présence de la radioactivité en permanence, cette stratégie d'évitement ? En fait, je ne devrais pas écrire cela. C'est politiquement incorrect. Car il en est qui considèrent que cela participe à la fabrication de la mauvaise réputation de la région de Fukushima dont la habitants vont de ce fait subir une double peine. C'est peut-être vrai. Mais alors, que dire et ne pas dire pour les aider, ne pas les enfoncer, ne pas les offenser, et ne pas non plus les laisser seuls avec leur détresse non exprimée, pour parler à leur place ? Je ne sais pas, je ne sais plus, c'est sans issue. »

Du côté des mangas, j'ai découvert My Dear Detective 1 de Natsumi Ito qui me faisait de l’œil depuis sa sortie. Rencontrez Mitsuko, la première femme détective du Japon ! Numéro 1 dans son agence de détective, Mitsuko a l’œil aiguisé et la réflexion rapide, dotée d'un grand courage, elle n'hésite pas à se lancer dans des enquêtes plus variées les unes que les autres et à affronter le regard critique de la société patriarcale. Un jour, assise dans un café, elle se fait aborder par un serveur qui lui confie une bien étrange affaire. Les aventures de ce duo commencent alors ! Ce fut une bonne découverte. J'aime beaucoup les enquêtes policières sous forme de manga, j'avais donc hâte de découvrir cette nouvelle série. J'ai trouvé que les personnages étaient attachants et intrigants, que les histoires étaient intéressantes mais j'aurais préféré un format plus long qui aurait apporté plus de profondeur aux diverses enquêtes. A voir si la suite reste du même acabit.

J'ai aussi fait un petit tour du côté de Taïwan et de la Chine continentale avec deux courts romans. Commençons par Peut-être qu'il s'est passé quelque chose de l'autrice Lu Min, une novella surprenante ! Tout commence avec le suicide d'une jeune fille qui a laissé pour note d'adieu “Ne cherchez pas pourquoi, personne n'est en cause”. Un journaliste s'intéresse pourtant à cette histoire, espérant en tirer un article bien juteux. Il a cinq jours pour mener son investigation et publier son texte. Durant ce court laps de temps, il va interviewer l'ensemble de son entourage et tenter de comprendre son geste. Pour lire le coup de cœur dans son intégralité, c'est juste ici.

Puis j'ai découvert Récit de lune de Guo Songfen, un roman court qui m'a charmé par son style et son sujet. Dans ce petit livre, vous allez découvrir la tragique histoire d'amour de Tiemin et Wenhui. L'histoire se passe à Taïwan, dans les années 50, période durant laquelle la population peine à se remettre de la guerre et des terribles bombardements américains sur l'île. Tiemin est un jeune homme atteint de tuberculose qui passe sa vie cloué au lit. Sa jeune épouse, la dévouée Wenhui, reste à ses côtés. C'est elle la narratrice du récit, ses pensées, ses souvenirs et le récit de leur quotidien s'entremêlent sans transition, ce qui donne un style très particulier au roman. On sent que Wenhui aime Tiemin, mais qu'elle n'imaginait pas sa vie de jeune épouse ainsi. Elle se sent tout aussi condamnée que lui. Pourtant Tiemin guérit petit à petit et le couple connaît une nouvelle dynamique. Mais le poison de l'angoisse et de la jalousie s'insère rapidement en Wenhui, les menant tous les deux à une fin tragique.

« Il faisait nuit noire à présent. De l'autre côté du muret, elle sécha ses larmes.

L'arbre à pain situé à côté du fossé laissa tomber quelques feuilles sur elle. Le crissement des feuilles épaisses sur le sol boueux lui blessa les oreilles. Alors son cœur se mit à marteler sa poitrine.

Elle eut soudain le sentiment que les étoiles tournaient dans le ciel.

Depuis le bosquet de bambous traversé par le vent du soir, une pluie d'étoiles l'enveloppa.

Elle manqua s'évanouir.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le ciel avait reculé très haut, très loin. L'espace lui parut soudain agrandit. Elle eut un instant d'égarement.

Puis elle fut prise de nausée. Tandis qu'elle parvenait encore à se tenir sur ses jambes, elle fit volte-face et courut vers la maison en effleurant au passage deux œufs de poule dans leur nid.

Elle se souvenait des mois écoulés depuis son mariage. Mars, avril, mai...Ils se ressemblaient tous, pareillement vides. »

Et pour finir en douceur ce compte-rendu de lecture, j'aimerais vous parler d'un album jeunesse coréen.

Pomme, ma pomme est un album doux, qui plaira à tous les amateurs de pomme ou aux petits gourmands. J'aime beaucoup l'illustration en noir et blanc qui prend un petit coup de peps lorsque débarquent les pommes, bien rouges. C'est un album poétique et drôle, avec très peu de texte, très bien rythmé.



Je vous souhaite à toutes et à tous de belles lectures.

A bientôt


Bibliographie

L'affaire Midori
17,00 €
Disponible
Peut-être qu'il s'est passé quelque chose
9,90 €
Disponible
My dear detective. Vol. 1
7,95 €
Disponible
Récit de lune
10,70 €
Disponible
Pomme, ma pomme
13,90 €
Disponible